QU’EST-CE QU'UNE GUERRE JUSTE ?

23 MAI 2025

Depuis sa création, le colloque du Bastogne War Museum s’attache à explorer divers aspects de la guerre contemporaine. Pour cette nouvelle édition, inscrite dans le cadre des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Ville de Bastogne et Tempora invitent,  le vendredi 23 mai, à une réflexion autour de la question « Qu’est-ce qu’une guerre juste ? »

L’ARGUMENT

Comme toujours, la guerre est ici entendue non comme n’importe quelle explosion de violence collective ; de cela, l’espèce humaine a fait l’expérience depuis que nos ancêtres se sont mis debout. Mais comme un conflit armé entre sociétés politiquement organisées, et parvenues à un état de développement culturel qui leur permet de réfléchir sur ce phénomène et de coucher leurs réflexions par écrit. Et en effet, de l’Antiquité à nos jours en passant par le Moyen Âge et la première modernité, philosophes, théologiens, juristes et politistes se sont penchés sur cette question infiniment dérangeante : qu’est-ce qui justifie de braver l’interdit de prendre la vie d’autrui ? Ou plutôt, puisque ce n’est pas d’ennemis intimes qu’il s’agit, qu’est-ce qui justifie de prendre la vie de gens qui ne nous ont rien fait personnellement, et dont le seul péché est d’appartenir au collectif qui n’est pas le nôtre ? 

À cette question, certains apportent une réponse apparemment simple : Rien. La violence guerrière n’est jamais justifiée. Cela s’appelle le pacifisme. D’autres, la plupart, estiment que cette réponse n’en est pas une, car elle revient à ignorer la complexité des relations humaines, l’existence du mal dans le monde ici-bas, la nature humaine. Ceux-là admettent l’inéluctabilité de la guerre, mais cherchent à la civiliser autant que faire se peut en lui imposant un cadre éthique et juridique. C’est d’eux qu’il sera question dans notre colloque.

Ce n’est pas une affaire de spéculation philosophique, comme l’existence de l’âme ou la nature d’une vie bonne. C’est une question de vie ou de mort pour des multitudes d’individus. Notre temps ayant inventé des formes inédites de meurtres de masse, il lui appartenait d’inventer aussi un corpus novateur de droit humanitaire, ainsi que de mettre sur pied des juridictions internationales pour le faire respecter. Et, en filigrane ou explicitement, d’apporter sa propre réponse à l’antique et angoissante interrogation qu’est-ce qu’une guerre juste ?

Élie BARNAVI